Troisième leçon : Le choix des Sujets

Comme je l’ai dit au commencement de cet ouvrage, il est difficile aux magnétiseurs français de trouver des sujets. Le spectateur assistant à une séance se « méfie », il a peur en même temps de l’opération et du ridicule. S’il a confiance dans le magnétiseur, dont la longue pratique et la renommée sont pour lui un garant de sécurité, il craint d’exécuter sur la scène, à l’état de sommeil, des expériences qui le soumettront à la risée du public.

Il faut dire aussi que le magnétiseur professionnel qui, dans chaque ville de France, donne ses représentations, a besoin de « corser » son spectacle par des expériences ayant un caractère dramatique et comique, et qu’il soumet parfois les sujets bénévoles à des épreuves qui découragent ceux qui y assistent et les empêchent de se livrer également à l’expérimentateur.

Cependant il est indispensable que mon « apprenti magnétiseur » ait la facilité d’exercer sa puissance sur des sujets qu’il endormira. C’est là une école de volonté indispensable à celui qui veut pratiquer le magnétisme personnel.

La difficulté sera plus grande encore pour lui que pour le magnétiseur professionnel. Ceux de ses camarades, de ses collègues auxquels il dira : « Voulez­vous vous laisser endormir par moi ? » répondront qu’ils craignent de ne plus se réveiller. Et puis, la grande familiarité, l’intimité existant entre lui et ses camarades l’empêcheront d’être pris au sérieux. Les « sujets » s’ils se prêtent à ses expériences, le « blagueront », riront, feront des farces qui empêcheront toute expérience sérieuse.

Il importe donc qu’il cherche des sujets parmi les personnes qu’il connaît peu, et autant que possible parmi des jeunes gens. Pour arriver à ce résultat, il s’efforcera de faire de « nouvelles connaissances » et il aura soin, quand il sera en rapport avec elles, d’amener la conversation sur le magnétisme et l’hypnotisme. S’il voit qu’il tombe sur un « terrain préparé », c’est-à-dire sur quelqu’un qui s’intéresse aux questions psychiques, il invitera le nouvel ami à venir le voir chez lui. Et là, au lieu de lui avouer qu’il débute, il lui confiera que depuis longtemps il s’occupe de magnétisme et est arrivé à des résultats surprenants.

–  Voulez-vous me permettre, dira-t-il, de vous faire assister à quelques-unes de mes expériences ?

– Mais, je ne veux pas être endormi, répondra l’autre.

– Il ne s’agit pas de vous endormir, la plupart de mes expériences ont lieu à l’état de veille.

En lui faisant cette réflexion, mon « apprenti » éloignera de lui tout soupçon, et son nouvel ami voudra bien se prêter à quelques expériences.

Notez bien ceci, cher élève, c’est que lorsqu’il aura confiance, quand il sera conquis par votre pouvoir, vous l’amènerez progressivement à se laisser endormir.

Dans cette première séance vous pratiquerez l’expérience qui sert à reconnaître le « véritable sujet », c’est-à-dire l’attraction en arrière et en avant.

Il ne faut essayer aucune suggestion avant d’avoir essayé cette attraction. Nous verrons tout à l’heure qu’il est possible, sur un sujet à l’état de veille, d’exercer une autorité morale qui paralyse ses gestes et met certaines parties de son corps en catalepsie, mais vous ne pouvez exercer cette autorité que si vous avez persuadé à votre « homme » par attraction qu’il est un SUJET. Etre un sujet ! Il en est flatté ! Il lui semble qu’il est un être à part et qu’il est prêt à accomplir tous vos ordres avec une docilité qui tient du prodige.

Je sais bien que je suis ici en absolue contradiction avec les cours américains, qui conseillent à leurs élèves d’essayer d’abord sur les sujets qu’ils appellent la « détente des nerfs ».

Une longue pratique me permet d’affirmer que la première expérience, l’expérience type, doit être « l’attraction ».

Toutes les autres expériences à l’état de veille ne sont que des expériences subsidiaires.

De plus, je prétends qu’il faut solliciter du sujet aucune détente de nerfs ; cette détente doit s’opérer petit à petit, selon les ordres qu’il donnera par suggestion et qui seront exécutés inconsciemment par le sujet.

Vous lui ordonnez de se tenir debout, la tête droite, les jambes l’une contre l’autre, la pointe des pieds en dehors. Vous vous placez derrière lui et vous lui prenez la tête entre le pouce et le petit doigt, de façon à ce que ces deux doigts soient placés sur chaque tempe du sujet.

Puis doucement, en suivant le cou, derrière les oreilles, vous descendez les doigts jusqu’au dos, à la hauteur de la naissance de l’épine dorsale (fig 1).

Troisième leçon : Le choix des Sujets

Figure 1

Troisième leçon : Le choix des Sujets

Figure 2

Dans cette position, vous serrez un peu les doigts et vous tirez légèrement à vous afin de faire sentir au sujet que c’est en arrière qu’il doit tomber.

Puis vous lui dites : « Vous allez sentir quelque chose qui vous attire en arrière. Ne résistez pas, laissez-vous tomber sans crainte, je suis là pour vous retenir » (fig 2).

Si le « sujet » se laisse tomber, ne recommencez pas l’expérience, mais dites : « Ce qui vient de se produire en arrière se produit également en avant, vous allez vous en rendre compte ! »

Et vous plaçant devant lui, vous posez vos doigts absolument comme vous l’avez fait précédemment, et vous faites sentir par votre pression que cette fois c’est en avant qu’il doit tomber (fig 3). Vous dites alors : « Vous allez vous sentir tomber en avant. Ne résistez pas, je suis là pour vous retenir. » Et le sujet tombe en avant comme il l’a fait tout à l’heure en arrière (fig 4).

Troisième leçon : Le choix des Sujets

Figure 3

Troisième leçon : Le choix des Sujets

Figure 4

Ne prononcez que peu de paroles, mais qu’elles soient dites avec autorité, que le sujet sente que vous parlez avec la certitude d’être obéi.

Si vous ne réussissez pas avec la première personne, si elle reste debout sans éprouver l’attraction, vous avez perdu sans éprouver l’attraction, vous avez perdu dorénavant toute autorité sur elle. Dites-lui donc qu’elle est réfractaire à l’hypnotisme et à la suggestion et qu’il n’y a rien à faire avec elle.

Et surtout ne vous découragez pas. Montrez de la volonté et recommencez avec toute personne qui voudra se prêter à l’expérience. Et quand vous aurez réussi avec un sujet, essayez encore l’attraction avec d’autres ; ne passez pas à un autre genre d’expérience, sans être absolument maître de celle-ci.

Avec de la méthode et de la progression, vous arriverez toujours à un résultat en magnétisme.

Ce qui fait le biceps de l’hercule, l’endurance du cycliste, c’est l’entraînement progressif. Ce qui donne au magnétiseur l’autorité morale, la puissance fluidique, l’influence hypnotique, c’est l’entraînement de la volonté. Nous indiquons, dans la prochaine leçon, quelles sont les expériences à l’état de veille qu’il faut exécuter après l’attraction.
 

 

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