Dixième leçon : Les mauvaises habitudes

Est-il médecin qui, par un traitement quelconque, ait la faculté de guérir les mauvaises habitudes ?

L’enfant qui ronge ses ongles jusqu’à atteindre le doigt, le morphinomane qui s’introduit dans la chair à toute heure du jour le poison mortel, l’alcoolique, le fumeur, l’éthéromane et tant d’autres ont-ils jamais éprouvé un soulagement par une cure médicale ?

Non ! la science des médecins est impuissante pour la plupart des cas. L’isolement, l’hygiène, l’eau froide, l’électricité, les cures de soleil et d’air, les distractions, les changements de lieu, ont pu quelquefois enrayer pendant un certain temps les mauvaises habitudes qui sont revenus ensuite au galop, pour faire, après cet arrêt momentané, plus de ravage que précédemment.

La suggestion seule peut donner des résultats.

Et les médecins le savent si bien, sans l’avouer, qu’ils emploient souvent ce procédé curatif, à l’insu de leurs clients.

Il me souvient d’un médecin qui, jadis, fulminait contre toutes les pratiques hypnotiques qu’il traitait d’attrape-nigauds. J’avais avec lui d’ardentes discussions étant plus jeune je croyais au pouvoir de la discussion. Et plus j’essayais de le convaincre, plus son intransigeance s’exacerbait. Il prétendait que seuls les détraqués et les hystériques pouvaient subir le sommeil hypnotique et être suggestionnés. Et encore, n’était-il pas certain que les expériences de Charcot à la Salpètrière étaient exemptes de truc. Ces grands médecins, disait-il avec dédain, cherchent, par tous les moyens, à attirer la réclame sur leur nom.

Un jour, vint le voir un commerçant de son quartier qui lui demanda s’il pourrait guérir son fils de la passion de boire. Il avait entendu parler de drogues et de poudres merveilleuses dans les cas d’alcoolisme. Le commerçant était riche, et il offrait la forte somme au docteur s’il pouvait corriger à tout jamais son fils de son affreuse passion. Mon médecin se fit envoyer le jeune homme, et comprit à sa vue qu’il ne pourrait rien faire pour lui, toutes drogues ou poudre contre l’alcoolisme étant absolument insignifiantes. Et pourtant il ne voulait pas perdre la forte somme promise. Que faire ? Il se rappela quelques-uns de mes moyens d’action en hypnose et saisissant les mains du buveur, il le regarda dans les yeux avec une telle volonté, avec une telle fixité du regard que le sujet s’endormit presque instantanément. Quand il fut dans cet état, mon médecin lui suggéra de ne plus boire. « Chaque fois que vous porterez un verre de vin pur ou d’alcool à vos lèvres, il vous semblera que vous avalez un poison violent, lui dit-il, et vous ne boirez plus que de l’eau ».

Les mauvaises habitudes

Figure 1

Les mauvaises habitudes

Figure 2

Quand il l’eut suggestionné pendant une demi-heure environ, il le réveilla, et le reconduisit à son père, non sans avoir mis dans une boîte quelques grammes de sucre en poudre.

-Eh bien, dit le père, quand il se trouva seul en présence du médecin, avez-vous trouvã un remède ?

-Parfaitement , répondit l’hypocrite magnétiseur ; donnez à votre fils à son insu, une pincée de cette poudre dans sa boisson, et il ne voudra plus boire.

Le soir même, notre commerçant commençait la cure, et à sa grande stupéfaction, son fils, après avoir trempé ses lèvres dans le vin, le rejetait avec dégoût, réclamant de l’eau à grands cris.

Et le brave homme attribua au sucre en poudre une puissance qu’avait eue seule la suggestion dans le sommeil hypnotique, et mon médecin fut sacré dans le quartier le plus grand savant de France et de Navarre.

Je n’aurais jamais eu connaissance de l’histoire, si le médecin, devenu à la suite de cette cure merveilleuse un fervent adepte du magnétisme, ne me l’avait racontée lui-même.

Cette anecdote authentique vous montre, cher apprenti magnétiseur, ce que vous pouvez faire sur un sujet que vous venez d’endormir. Cherchez toujours, en vous perfectionnant dans l’art du magnétisme, à faire du bien autour de vous. Et si vous savez que votre sujet est buveur, querelleur, fumeur ou coureur, tâchez, à son insu, de le corriger de ses défauts.

Quand il est endormi, soit par le regard, soit par la suggestion, ordonnez-lui d’ouvrir les yeux, ou ouvrez-lui, vous-même, en touchant légèrement les paupières ; ce simple geste suffit, si vous l’accompagnez de l’ordre bien net : « Ouvrez les yeux! »

Ensuite vous causez avec lui ; il se peut d’abord qu’il vous réponde par monosyllabes, ou avec une certaine difficulté d’émission du son. Il faut alors lui « délier la langue » en passant vos deux mains le long des joues en lui disant : « Votre langue se délie, vous allez parler, sans difficulté, sans fatigue. Je vous ordonne de parler ».

Et quatre-vingt fois sur cent, cette suggestion lui permettra de converser avec vous comme s’il était éveillé.

Vous lui faites alors sa petite confession, et qu’il soit buveur, menteur, querelleur, luxurieux ou fumeur, vous le corrigez par la suggestion.

Vous lui ordonnez, s’il est fumeur, de ne plus toucher une cigarette de sa vie, vous lui dites que le tabac est un poison violent, qu’il s’intoxique petit à petit, qu’il marche vers les maladies d’estomac, vers le cancer des fumeurs, ensuite : s’il est buveur, vous lui représentez les méfaits de l’alcoolisme, le gâtisme, la décrépitude, la mort ensuite dans un accès de délirium-tremens.

Ce n’est quelquefois pas en une séance que vous pouvez guérir votre sujet. Ne vous découragez pas ; chaque fois que vous l’endormirez, répétez les mêmes suggestions. Vous aurez réussi, quand, après avoir présenté une cigarette ou un verre de vin à votre sujet, vous le verrez repousser l’un et l’autre avec une expression profonde de dégoût, ainsi que le montrent les deux dessins de ce chapitre.
 

 

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