Première leçon : A quoi sert la volonté

Le magnétisme est une force fluidique que nous portons en nous, dont les ondes émanent de notre volonté. Aucun fluide ne peut se produire si nous ne le dégageons de nous-mêmes, par un « vouloir bien défini ».

Ce qui revient à dire que « le magnétisme personnel », mot dont on abuse peut-être un peu, n’est en somme qu’une émanation de toutes nos forces fluidiques, que ces forces soient employées à influencer notre prochain ou à endormir un sujet.

Prenons un exemple : Le médecin qui passe sous le nez d’un patient un flacon de chloroforme peut songer à la dernière pièce à succès et arrêter sa pensée sur des questions complètement étrangères à sa fonction. Le chloroforme n’en fera pas moins effet, et le malade, au bout d’un laps de temps déterminé, s’endormira forcément sous l’action mécanique de l’anesthésique.

Le magnétiseur qui fixera son sujet dans les yeux et fera les passes et les gestes voulus, avec dans la pensée, la hantise d’un acte quelconque de la vie ambiante, est certain d’un échec complet. Ce qui prouve que l’action du regard et des passes n’a rien de mécanique, et que le sommeil ne peut se produire sans une tension de volonté, un « vouloir défini » qui dégage les fluides nécessaires au sommeil artificiel.

Il est donc bien entendu que, pour endormir, il faut « vouloir ».

En voici un exemple.

En 1902, je fus présenté à une dame très nerveuse, femme d’un secrétaire d’ambassade, et qui, ayant goûté un peu à toutes les sensations sportiques elle avait même fait de l’aérostation désirait éprouver celle du sommeil magnétique.

De premier coup d’œil, je vis en elle un sujet de premier ordre, et j’eus la certitude que je l’endormirais facilement ; les magnétiseurs ont de ces intuitions qui les trompent rarement.

Or, bien qu’ayant la ferme volonté de l’endormir, au moment où, lui tenant les poignets, je posai les yeux sur les siens, j’eus, pendant l’éclair d’une seconde, la pensée que le sommeil artificiel serait peut-être préjudiciable à sa santé. Cette rapide restriction dans ma « volonté de sommeil » suffit à m’empêcher de l’endormir.

Et je dus avouer mon impuissance, ce qui fit errer un léger sourire ironique dans les yeux de mon pseudosujet.

J’appris depuis, du reste, que mon pressentiment ne m’avait pas trompé, car mon « ambassadrice » était atteinte d’une grave affection cardiaque qui la mit à deux doigts de la mort. J’ai toujours estimé que le sujet atteint d’une maladie de cœur est le seul qui peut souffrir des pratiques magnétiques. Les avis sont très partagés sur le sujet.

Mais revenons à notre sujet.

Cher lecteur, cher apprenti magnétiseur, si tu veux dans la vie jouer le grand rôle de dominateur, soit par l’influence personnelle que tu exerceras sur un sujet éveillé, soit par suggestion sur un sujet endormi, il te faut d’abord, et avant tout, acquérir la VOLONTE.

Celui qui manque de volonté est celui qui hésite et tourne en rond dans la vie, qui écoute l’opinion de Pierre et de Paul par paresse d’esprit, qui accepte toutes les petites ignominies de l’existence sans révolte, parce qu’il craint la fatigue et veut « avoir la paix », qui se croit bon quand il est faible, qui se croit philosophe quand il est bête.

L’homme de volonté est celui qui, dès qu’il a l’âge de penser, se trace un but, et travaille lentement et sûrement à l’atteindre, comme ces chevaux de courses, qui, sous l’impulsion de jockey, renversent tous les obstacles pour arriver les premiers au poteau.

L’homme de volonté est rare, dira-t-on. Nullement ! En Amérique on le rencontre à chaque pas, et le décrotteur de New-York, arrivé roi d’un trust, n’est pas une fable. Il est l’exemple de ce que peut la volonté unie à l’intelligence, et naturellement à la bonne conduite.

En France, nous avons moins de volonté, parce que moins d’ambitions. Tel boutiquier qui a travaillé trente ans au fond d’un comptoir obscur, ne rêve, comme félicité suprême, qu’à la petite maison au bord de l’eau et aux quelques mille francs nécessaires à la fin de son existence modeste. Tel employé qui a usé cent ronds de cuir dans une administration de l’Etat, songera en grattant son papier à la mince retraite assurant la réalisation de ses goûts de pêche à la ligne.

Cependant, à côté de ces « types nationaux classiques » qui sont éternels, nous avons une génération de jeunes hommes, ayant beaucoup lu, un peu voyagé, et qui ont des aspirations plus élevées. Ils veulent obtenir non seulement la vie large par le travail rémunérateur, mais encore la considération morale par le triomphe de leur intellectualité.

C’est à ceux-ci que je m’adresse, c’est à ceux-ci que je dis : « vous n’obtiendrez la puissance que par la volonté », et avant tout autre sport, il faut pratiquer le sport de la volonté.

Soyez certains, jeunes gens, qu’il n’est pas plus difficile d’acquérir de la volonté que de devenir de première force au football ou au noble jeu du billard.

Je suppose qu’à la lecture de ce livre, mon lecteur ait l’intention de devenir un homme fort, capable de dominer son semblable et de se faire une place intéressante dans la vie.

Je suppose aussi que, sans être absolument mou et apathique, il soit paresseux d’esprit, incapable de rompre avec ses habitudes, de corriger ses vices, de commander ses passions.

Il me lira, en prenant sa tête entre ses mains, il dira : « Suis-je capable d’apprendre la volonté ? » Et il tremblera devant une tâche qui lui paraîtra lourde.

Qu’il se rassure !

En opérant progressivement, il arrivera dans un temps très prochain à conduire sa volonté. Et sa joie sera intense.

Je vais me faire comprendre très clairement par un exemple emprunté aux petits vices courants.

Mon apprenti magnétiseur, mon élève en volonté fume un paquet de tabac de cinquante centimes tous les deux jours. C’est là une habitude de dix ans et il se passerait plus facilement d’un plat à son déjeuner que des cigarettes quotidiennes.

Après avoir lu cette première leçon, il achètera son habituel paquet, et, rentrã chez lui, le coupera en quatre parties égales. Demain, en allant à son travail, il prendra une « partie » de ce tabac, se condamnant à n’en pas consommer d’autre dans sa journée.

Il souffrira, fera ses cigarettes plus minces, et le soir venu, ayant épuisé sa provision, sera tenté d’allonger sa main vers la deuxième partie.

Qu’il retire cette main ! Qu’il pense à cette leçon ! L’honnête homme n’a qu’une parole. Il s’est promis à lui-même de ne fumer qu’un quart de paquet par jour ; il n’en fumera pas plus.

Le quatrième jour il souffrira moins ; il sera content de lui. Ce petit triomphe lui fera bien augurer de l’avenir. Et bientôt, par amour-propre personnel, pour « voir », il coupera son paquet de tabac en six, en huit, et chaque fois, il se sentira un autre homme. Ce ne sera plus de la souffrance qu’il ressentira, ce sera de l’orgueil de se sentir une volonté qui, petite encore (la cause étant minime), deviendra grande en produisant de grands effets.

Il appliquera ensuite sa volonté à d’autres cas.

Des amis l’attendent au café pour jouer la traditionnelle manille. Il n’ira pas.

Une promenade est projetée. Il manquera le rendez-vous.

Il aime manger à son déjeuner un bifteck saignant. Il commandera des légumes. Un doigt de vin le ragaillardit. Il demandera une carafe.

A chacune de ces mortifications son estomac se resserrera, le cœur accélérera ses battements, le sang montera au front. Mais quand il aura vaincu cette révolte intérieure, les fluides de volonté l’inonderont, et regardant autour de lui les hommes et les choses, il comprendra qu’ayant acquis cette influence qui doit s’exercer sur soi avant d’atteindre les autres, il est mûr enfin pour les grands travaux de volonté.

 

 

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