Dix-septième leçon : Du sommeil naturel au sommeil hypnotique

Peut-on faire passer un sujet du sommeil naturel au sommeil magnétique ? Oui, et j’ai réussi moi-même quelquefois l’expérience. Mais elle est très difficile, et demande des préparations préliminaires qui sont fatigantes par l’effort télépathique à accomplir.

Je conseille à mes élèves de ne tenter ce genre de sommeil que dans les cas graves, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de guérir un être cher d’une phobie ou d’un vice qui empoisonne sa vie.

Nous avons encore, malgrã l’immense propagande faite en faveur du magnétisme, des hommes arriérés qui nient la réalité de cette science, malgré l’évidence. Ce sont eux qui en sont restés à célébrer le bienfait des diligences, et qui considèrent le pétrole comme la lumière de l’avenir. Ceux-là refusent énergiquement de se laisser endormir, et considèrent les magnétiseurs comme des charlatans.

D’autres, sans nier les résultats du magnétisme, ont une peur atroce du sommeil artificiel, et motivent le refus de se prêter à une expérience par la crainte qu’ils ont de ne pas se réveiller.

Quand ces êtres sont sains d’esprit, quand leur conduite est irréprochable, leur refus d’admettre les phénomènes du magnétisme ne peut causer aucun préjudice à leur famille.

Mais que l’un d’eux soit atteint d’un vice, d’une passion, qui bouleversent le cours de la vie familiale, et que la médecine (impuissante généralement) ne peut combattre, il ne reste à ceux qui sont forcés de vivre dans l’ambiance du sujet, aucun espoir de sortir de l’enfer où ils se trouvent, si le magnétisme à son tour est impuissant.

De là, la nécessité d’agir par surprise, et de provoquer le sommeil artificiel, par un moyen secret.

Un cas qui m’est personnel fera bien comprendre à mes élèves le mécanisme à employer pour faire passer un sujet du sommeil naturel au sommeil magnétique.

Sommeil naturel changé en sommeil hypnotique

Sommeil naturel changé en sommeil hypnotique

Il y a une dizaine d’années, je reçus la visite d’une femme en pleurs, qui me raconta le martyre qu’elle endurait. Son mari, chef de bureau dans une Compagnie d’assurance, après quinze ans d’une conduite exemplaire se livrait maintenant à l’alcoolisme. En sortant de son bureau, à 5 heures du soir, il allait rejoindre des amis, et rentrait chez lui à 8 heures, abominablement gris, après avoir absorbé deux ou trois absinthes et quelques autres poisons. Il ne mangeait plus, insultait sa femme, ses enfants, la servante, et allait même jusqu’à frapper, quand on lui reprochait sa conduite.

La vie était devenue un enfer et la pauvre femme parlait de quitter le domicile conjugal avec ses enfants, si je ne consentais à la sauver.

Après lui avoir demandé quelques renseignements, j’acquis la certitude que le chef de bureau était réfractaire à toute expérience hypnotique, et qu’il combattait même, dans ses parlotes de café, tous ceux qui s’étaient consacrés à la merveilleuse science.

Je ne cachai pas à la pauvre femme que la tâche serait difficile et que si je voulais bien l’entreprendre, c’était sans aucune certitude sur le résultat.

Après m’être fait désigner le personnage, j’allai, à cinq heures, tous les soirs, m’installer, et, la défection d’un joueur m’ayant autorisé à me proposer comme quatrième à la manille, je fis bientôt partie du cénacle, bien que je fusse un piètre joueur, et que j’aie dû maintes fois me faire houspiller pour des malheureux manillons deuxièmes qui m’étaient impitoyablement coupés.

Et naturellement, dans les intervalles des parties, l’on causa, et je mis le terrain sur les questions de magnétisme. Entre deux absinthes, le chef de bureau vitupéra contre cette « fumisterie » à laquelle il ne se laisserait jamais prendre.

-Qui sait ! lui disais-je en souriant, et en le regardant si fixement dans les prunelles qu’il était obligé de fermer les yeux.

Un soir, aujoutai-je, quand vous dormirez bien, je viendrai poser mes doigts sur vos paupières, et je vous conduirai au pays de la suggestion.

-Je vous en défie bien, me disait-il, avec un gros rire, et entre deux hoquets.

Mais avec une patience inlassable, pendant un mois, je lui répétais la même phrase en le regardant dans les yeux, et en mettant dans ce regard toute la force fluidique et télépathique dont j’étais capable.

Il avait fini par ne plus me répondre, et je sentais que la suggestion la gagnait.

Enfin, une nuit, d’accord avec sa femme, je pénétrai dans sa chambre, et m’avançant à pas de loup vers son lit où il dormait du sommeil de la brute qui cuve son ivresse, je posai, selon ma promesse, mes doigts sur ses paupières, les pouces pressant légèrement le globe oculaire. Il eut un demi-réveil, et poussa un soupir, et d’une voix de rêve, la voix « charmante » dont je vous ai parlé, je lui dis : « C’est moi qui vient, selon ma promesse, vous plonger dans le sommeil magnétique. Je veux vous guérir de la passion honteuse qui fait le désespoir de votre famille, je veux que vous deveniez un honnête homme, je veux que vous ne buviez plus. »

Sans se réveiller, il eut de violents sursauts ; son corps se soulevait, son cœur battait violemment ; on eût dit qu’il était en proie à un violent cauchemar.

Je me retirai. Le lendemain, au café, je constatai qu’il but d’eux apéritifs de moins, et qu’il semblait instinctivement gêné par ma présence, chaque fois qu’il portait le verre à sa bouche.

Trois nuits de suite, je répétai ma suggestion. A la dernière je lui affirmai que s’il buvait autre chose que du lait, il mourrait dans la nuit.

A ma place habituelle au café, j’attendais anxieusement mon sujet le lendemain. A cinq heures, il arriva, la démarche hésitante, serra la main à ses amis, et leur annonça qu’un travail impérieux l’empêchait ce soir de faire la quotidienne partie

On ne le revit plus au café.

Tu sais maintenant, cher apprenti, la manière de changer le sommeil naturel en sommeil hypnotique.

Essaye !
 

 

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