Intoduction

D’abord, entendons-nous une fois pour toutes sur ces deux mots : magnétisme et hypnotisme. Les magnétiseurs de la vieille école, c’est­ à-dire ceux qui en sont encore aux uniques théories du baron du Potet,  prétendent que le sommeil artificiel est provoqué par le seul fluide de l’Expérimentateur, c’est-à-dire par une onde mystérieuse qui s’échappe à l’état moléculaire, non seulement des mains du magnétiseur, mais de son corps tout entier.

Les hypnotiseurs scientifiques de l’école du docteur Liébault, de Nancy, nient absolument l’existence des fluides et affirment que le sommeil est provoqué par la fixité du regard et par une volonté suggestive absolue.

Il faut avoir le courage d’affirmer que « magnétiseur et hypnotiseur » jouent sur les mots. Le magnétisme a besoin de l’hypnotisme, et vice versa. Certains sujets ne sont influençables que sous la caresse des passes, sous leur répétition monotone qui apaise leur nervosité et les plonge dans un état d’abord somnolent qui fait place au véritable sommeil. D’autres sujets, au contraire, ne subissent que l’action de l’œil et ne s’endorment qu’après avoir fixé, soit la prunelle de l’expérimentateur, soit un objet brillant, soit un moteur tournant devant leurs yeux d’une façon régulière.

Le professeur H. Durville, qui a fait connaître le Magnétisme à nos contemporains, comme Mesmer et le baron du Potet l’on fait connaître à nos pères, est un ennemi-né de l’Hypnotisme.

Tous les bienfaits de la vie, dit-il, nous les devons au pouvoir fluidique ; l’hypnotisme est une fascination qui n’est utilisable que sur les névrosés et les hystériques, et qui n’a jamais servi qu’à des expériences d’hôpital ou à des séances publiques où les Pickman et les Donato ont fait recette, en excitant la curiosité.

Le maître distingué, auquel nous devons tant de livres intéressants, et particulièrement ce Fantôme des Vivants qui révolutionne la librairie occulte, me semble bien intransigeant, car la distance qui sépare le Magnétisme de l’Hypnotisme est si minime, qu’il faut pour la distinguer des yeux exercés de professionnel.

Le public, lui, ne voit aucune différence entre ces sciences, et quand il parle de Pickman ou d’un autre hypnotiseur, il dit généralement : « Le célèbre Magnétiseur ». C’est plus commode à dire qu’Hypnotiseur, et l’on a moins de tendances à prononcer Hypnotiseur, et pour tous, c’est la même chose.

Je suis presque de cet avis.

Le directeur de l’école de Magnétisme nous dira que le fluide humain ne sert pas seulement à endormir un sujet, mais qu’il guérit les malades bien éveillés ; que des passes remontantes ou descendantes agissent directement par la seule imposition des mains, dégagent l’« aura » mystérieux qu’est le fluide.

Les docteurs Charcot et Liébault affirmaient avoir guéri des maladies organiques, sans un geste, mais simplement en affirmant au malade qu’il était sauvé, et en lui faisant, par la parole, suivre progressivement la marche de cette guérison.

Le docteur Borillon, qui dirige avec tant d’autorité l’intéressante Revue de l’Hypnotisme, dit en parlant du docteur Liébault : « Il fut l’apôtre d’une hérésie à peine croyable à une époque où il ne serait venu à personne l’idée de secouer le joug de la discipline dogmatique imposée par la Faculté de Paris. Convaincu de l’influence exercée par le moral, non seulement dans la production, mais aussi dans la guérison des maladies nerveuses, le docteur Liébault, excluant de sa pratique les bromures, les douches et l’isolement, imagina des procédés thérapeutiques nouveaux qui sont devenus le point de départ d’une méthode nouvelle, désignée actuellement sous le nom générique de PSYCHOTHERAPIE. Bien entendu, comme il n’était investi d’aucune qualité officielle, on n’attacha aucun crédit à ses démonstrations. Ses communications furent absolument dédaignées. Il fut même tenu à l’index par la Société de Médecine de Nancy, Liébault n’en fut nullement affecté, et dans la préface de la seconde édition de son livre sur le Sommeil et ses Etats analogues, il exprime en termes positifs le dédain que doit professer tout homme de caractère à l’égard des jugements superficiels ou malveillants. Du moment dit-il qu’on s’écarte du courant ordinaire de la Science, en s’occupant de choses qu’elle rejette, et que, par conséquent, on ne se range pas derrière ses grands prêtres comme des moutons de Panurge, on se séquestre nécessairement, et les savants et le vulgum pecus s’éloignent de vous. Heureux ! si l’on rencontre par-ci par-là quelques timides adeptes qui vous consolent tout bas. Mais, en ce cas particulier, qu’importe l’adhésion des savants et du public, quand on est sûr des vérités que l’on met au grand jour ! Qu’importe surtout les anathèmes et les dogmes de la Médecine classique, lorsque, établi sur le terrain solide de l’observation et de l’expérimentation psychique, on a acquis la conviction d’avoir entr’ouvert, non seulement de vastes horizons à une branche naissante de la psychologie, mais encore d’avoir constaté les applications de cette science à l’art de guérir, lesquelles se résument dans la thérapeutique suggestive, thérapeutique révolutionnaire au premier chef. »

Le docteur Liébault et après lui les docteurs Bérillon, Babinsky, Liégeois, Farezn Voisin, Régis, D’Hotel, et tant d’autres font de la PSYCHOTHERAPIE.

Le professeur Durville et les médecins de sa clinique font de la MAGNETOTHERAPIE. Les uns comme les autres ont entrepris de supprimer la pharmacopée moderne, pour la remplacer par des agents mystérieux, que les premiers appellent « fluide » et que les seconds nomment « suggestion ».

Mais MM. Durville, Encausse et Moutin, peuvent-ils affirmer qu’ils n’ont jamais fais usage de la suggestion dans leurs cures magnétiques ? Le docteur Bérillon peut-il dire qu’il n’a jamais calmé la fièvre d’un malade en lui apposant la main sur le front ?

En vérité, il est regrettable, pour le bien de l’humanité, que cette querelle entre magnétiseurs et hypnotiseurs dure toujours. Si les deux camps réunis voulaient faire quelques concessions, que de miracles n’aurait-on pas à consulter !

A mon avis – et je crois avoir quelque expérience par vingt ans de pratique – le sommeil artificiel est produit par deux agents qui se fondent en un seul : le fluide, onde mystérieuse produite par la force de volonté du magnétiseur, et la suggestion, effort télépathique de l’hypnotiseur, emprise morale qui produit également une sorte de fluide que le « dominateur » épand sur le « dominé ».

La Psychotérapie, dit le docteur Paul Magnien, est l’ensemble des moyens psychiques et accessoirement physiques qui permettent d’« agir, soit directement, soit indirectement, sur l’esprit des malades, dans un but thérapeutique ».

La Magnétothérapie ne peut-elle trouver sa signification dans la même définition ?

Vous endormez un sujet par la puissance de votre fluide. C’est une affaire entendue. Mais ce sujet ne sait-il pas, quand vous le faites asseoir et que vous vous placez devant lui, que vos passes vont le plonger dans le sommeil magnétique ? C’est de la suggestion !

Un malade souffre d’une affreuse maladie nerveuse. La médecine officielle ayant été impuissante, on appelle le Magnétiseur. Le patient ne connaît-il pas d’avance par ses parents et par ses amis la réputation du guérisseur ? N’est-il pas préparé à la suggestion, quand vous imposez vos mains sur lui ?

Ceci est si vrai qu’à l’Ecole de Magnétisme, dont le directeur est Hector Durville, fervent pratiquant des théories fluidiques, les sujets sont indistinctement endormis par le magnétisme et par l’hypnotisme.

Il y a quelque vingt-cinq ans, ces sciences étaient étudiées que par quelques adeptes ayant la foi. La majorité du public les traitait de billevesées.

Mais des hommes de science, comme les docteurs Charcot et de Luys, le colonel de Rochas, H. Durville, et dans le domaine expérimental Donato et Pickman, faisaient connaître leurs travaux, les uns par la voie de la Presse, les autres dans des séances publiques, et petit à petit le peuple s’intéressait à cette « force » qu’il soupçonnait et cherchait le moyen de la connaître.

Malheureusement il n’existait à cette époque que des livres écrits par des initiés. La lecture en était aride, fatigante. Quelques charlatans publièrent des opuscules qui faussèrent les idées de leurs lecteurs. J’ai sous les yeux une brochure dans laquelle l’auteur certifie que lorsque le fluide du magnétiseur est trop violent (sic), il peut arrêter les battements du cœur de son sujet et le conduire à la mort. Il est évident que ceux qui apprirent le magnétisme dans cette stupéfiante brochure se garderont bien, dans la crainte d’un meurtre, d’essayer de l’expérimentation.

C’est à ce moment que l’Amérique, qui sait réunir des capitaux quand il s’agit d’une idée nouvelle, lança ses Instituts de Magnétisme, et publia à un prix très élevã certains volumes illustrés qui étaient la compilation de tout ce qui avait été écrit sur le magnétisme par le baron du Potet, par Decrespe, par Durville, par Donato et par tant d’autres. Ces ouvrages eurent en France un gros succès de vente, malgré leur style espagnol-anglo-américain, malgré les grosses erreurs qu’ils contenaient, parce que le magnétisme était en train de révolutionner le monde et que le peuple qui est intuitif au suprême degré commençait à se passionner, non seulement pour le « mystère », mais encore pour les résultats pratiques qu’il prévoyait devoir découler de l’étude du magnétisme.

Je n’entends pas me livrer à une diatribe contre les ouvrages américains ce serait un peu critiquer nos magnétiseurs qui furent démarqués mais je peux dire que
ces cours de magnétisme avaient le défaut d’être appropriés aux seules habitudes et mœurs américaines.

En effet, si outre-mer il est facile de trouver des sujets, en France, peu de personnes consentent à se prêter aux expériences de magnétisme. Si, là-bas, de nombreux malades sont prêts à essayer la méditation magnétique, en France, les médecins et les pharmaciens inquiets, les uns pour leurs honoraires, les autres pour la vente de leurs drogues empoisonnées, font une guerre acharnée aux magnétiseurs et découragent les malades.

Bien d’autres considérations font qu’un cours de magnétisme, fait par un Américain même quand les principes de ce cours sont copiés sur des ouvrages français ne peut être d’utilité courante en France.

J’ai pensé qu’un cours de français, clair, explicite, débarrassé du fatras des mots techniques, illustré de belles photographies, serait bien accueilli de ceux qui, déçus des cours américains ou ne les ayant pas lus, veulent cependant apprendre le magnétisme et l’hypnotisme.

C’est ce cours que je présente aujourd’hui au public.

PROFESSEUR DONATO.

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