Septième leçon : Le réveil

Le réveil d’un sujet endormi par le regard est certainement ce que redoute le plus l’apprenti magnétiseur. Il se fait des montagnes d’une opération très simple et qui même si elle ne réussit pas ne peut être la cause d’un danger pour la personne qui s’est confiée à lui.

« Si je ne pouvais le réveiller !» pense mon apprenti, qui, très satisfait d’avoir endormi son sujet, voit sa joie troublée par cette alternative.

Ne craignez rien, cher lecteur ; je vous le répète, de façon à bien marteler cette idée dans votre tête : IL N’Y A AUCUN PERIL.

Il y a une dizaine d’années, j’eus affaire à un sujet assez vigoureux qui m’avait été confié par une famille afin de le corriger de certains vices par la suggestion.

J’essayai d’abord de l’endormir par le regard, ensuite par les passes, par la répétition monotone des mêmes paroles. Aucun résultat. J’eus recours alors à un miroir rotatif de mon invention, miroir à alouettes, perfectionné, que j’avais fait fabriquer par un serrurier.

Ce miroir tournait environ trente minutes sans s’arrêter.

Mon sujet, plein de bonne volonté, se prêta à toutes les expériences, et le miroir rotatif parvint enfin à l’endormir.

Aucune suggestion ne fut possible. Il dormait, mais à la manière d’un terrassier, accablé de fatigue. Il ne m’entendait pas et ronflait même légèrement.

J’essayai de le réveiller par tous les moyens connus et inconnus, sans y arriver.

La famille inquiète se désespérait, et chacun, excepté moi, commençait à perdre la tête. Devant mon calme, devant ma gaieté même car ce sujet magnétique qui ronflait prêtait au sourire la mère du jeune homme se rassura la première. J’installai mon dormeur dans une chambre, et comme un malade, je le veillai. Il dormit ainsi douze heures, et se réveilla le lendemain, la mine calme, l’œil riant, en demandant son chocolat.

Or, fait extraordinaire, et qui prouve bien que, dans le sommeil artificiel, la pensée veille même quand la langue est muette le sujet avait parfaitement entendu les suggestions que je n’avais même, sa mère venait m’avertir que son fils avait refusé un verre de cognac, et manifestait une grande horreur pour l’alcool.

Cette anecdote, et d’autres que je pourrais encore vous citer, prouve absolument que le sujet se réveille seul, au bout d’un laps de temps, qui varie de deux heures à douze heures.

Apprenons maintenant à réveiller un sujet que nous avons endormi par le regard.

Après lui avoir fait exécuter les expériences que nous décrivons plus loin, et même les nouvelles que vous pourriez imaginer, vous vous approchez de votre sujet, et vous lui dites : « Vous avez assez dormi, je vais souffler sur vos yeux, et vous vous réveillerez. »

En même temps que vous soufflez légèrement sur les yeux, vous tapotez les joues des deux mains. Au bout de quelques secondes, le sujet ouvre les paupières, regarde d’un air étonné autour de lui, se frotte, et reprend son attitude éveillée.

Vous soufflez légèrement sur les yeux en tapotant les joues Le réveil

Vous soufflez légèrement sur les yeux en tapotant les joues

Certains sujets ne peuvent s’éveiller de cette façon, il leur faut une sensation réactive. Prenez alors une petite éponge imbibée d’eau froide que vous passez sur les paupières, en même temps que vous dites : « Réveillez-vous ! Ouvrez les yeux, vous êtes réveillés. »

D’autres encore ne se réveillent que lorsque la suggestion leur est donnée dans le sommeil.

C’est alors qu’au cours d’une expérience vous leur dites :

« Dans dix minutes, sans qu’il me soit utile de vous prévenir, vous vous réveillerez et vous vous lèverez de votre siège. »

Ceux-là, sans avoir besoin d’une montre vous en ferez plusieurs fois l’expérience se réveilleront exactement après la période de dix minutes.

Vous noterez leur façon de se réveiller, de façon à n’en employer jamais aucune autre avec ces sujets.

Si par hasard vous trouvez un sujet qui refuse d’obéir à vos suggestions, et qui réfractaire au souffle sur les paupières, au tapotement sur les joues et à l’eau froide, reste endormi, ne vous énervez pas, gardez votre sang-froid absolu, et attendez quelque temps : dix, vingt, trente minutes ; puis recommencez toutes vos suggestions, en y mettant plus d’autorité, plus d’énergie ; gardez-vous, comme je l’ai vu faire, de donner à respirer de l’éther ou de l’alcali, ces produits peuvent causer des attaques de nerfs et faire beaucoup de mal à votre sujet.

Si vous voyez enfin qu’il vous est impossible de réveiller votre sujet, tâchez de le ramener au sommeil complet, et recommencez de nouvelles expériences. Puis, parlez, soyez dur, cassant, absolument comme si vous aviez droit de vie et de mort sur lui, et menacez-le des pires châtiments s’il ne se réveille pas aussitôt. Le sujet peut aussi vous dire la cause de son refus d’obéissance. Se trouvant quelquefois très bien dans le sommeil, éprouvant une grande paix, un calme parfait, il veut rester dans cet état. Quelquefois aussi, il a besoin de quelques passes remontantes (c’est-à-dire les mains du magnétiseur remontant des pieds, en suivant les jambes jusqu’à la tête) afin d’enlever aux muscles une raideur qui le gêne pour son réveil.

Averti, faites les passes nécessaires et le sujet se réveille alors.

Si rien de tout cela ne réussit, laissez alors votre sujet dormir, couchez-le, et attendez patiemment son réveil sans vous inquiéter, comme je vous le dis plus haut.

Ces sujets, réfractaires au réveil, sont très rares. Il fallait pourtant que je vous avertisse des cas isolés que vous pouvez rencontrer au cours de vos expériences.
 

 

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